Chapitre
2 - La
plage, c’est chouette
Le père
de Nicolas ayant pris sa décision, il ne restait plus qu’à ranger
la maison, mettre les housses, enlever les tapis, décrocher les
rideaux, faire les bagages, sans oublier d’emporter les oeufs durs
et les bananes pour manger dans le compartiment.
Le voyage
en train s’est très bien passé, même si la mère de Nicolas
s’est entendu reprocher d’avoir mis le sel pour les oeufs durs
dans la malle marron qui est dans le fourgon. Et c’est l’arrivée
à Bains-les-Mers, à l’hôtel Beau-Rivage. La plage est là,
et les vacances peuvent commencer...
A la
plage, on rigole bien. Je me suis fait des tas de copains, il y a
Blaise, et puis Fructueux, et Mamert;
qu’il est bête celui-là ! Et Irénée
et Fabrice et Côme et puis Yves, qui n’est pas en vacances parce
qu’il est du pays et on joue ensemble, on se dispute, on ne se
parle plus et c’est drôlement chouette.
Va
jouer gentiment avec tes petits camarades, m’a dit papa ce
matin, moi je vais me reposer et prendre un bain de soleil. »
Et puis, il a commencé à se mettre de
l’huile partout et il rigolait en disant : «Ah
! quand je pense aux copains qui sont restés au bureau! »
Nous,
on a commencé à jouer avec le ballon d’Irénée. «
Allez jouer plus loin », a dit papa,
qui avait fini de se huiler, et bing ! le ballon est tombé sur la
tête de papa. Ça, ça ne lui a pas plu à papa. Il s’est fâché
tout plein et il a donné un gros coup de pied dans le ballon, qui
est allé tomber dans l’eau, très loin. Un shoot terrible. «
C’est vrai ça, à la fin», a dit
papa. Irénée est parti en courant et il est revenu avec son papa.
Il est drôlement grand et gros le papa d’Irénée, et il n’avait
pas l’air content.
— C’est
lui! a dit Irénée en montrant papa avec le doigt.
— C’est
vous, a dit le papa d’Irénée à mon papa, qui avez jeté dans
l’eau le ballon du petit?
— Ben
oui, a répondu mon papa au papa d’Irénée, mais ce ballon, je
l’avais reçu dans la figure.
— Les
enfants, c’est sur la plage pour se détendre, a dit le papa
d’Irénée, si ça ne vous plaît pas, restez chez vous. En
attendant, ce ballon, il faut aller le chercher.
Ne
fais pas attention, a dit maman à papa. Mais papa a préféré faire
attention.
— Bon,
bon, il a dit, je vais aller le chercher, ce fameux ballon.
— Oui,
a dit le papa d’Irénée, moi à votre place j’irais aussi.
Papa,
ça lui a pris du temps de chercher le ballon, que le vent avait
poussé très loin. Il avait l’air fatigué, papa, quand il a rendu
le ballon à Irénée et il nous a dit :
— Ecoutez,
les enfants, je veux me reposer tranquille. Alors, au lieu de jouer
au ballon, pourquoi ne jouez-vous pas à autre chose?
— Ben,
à quoi par exemple, hein, dites? a demandé Mamert. Qu’il est bête
celui-là !
— Je
ne sais pas, moi, a répondu papa, faites des trous, c’est amusant
de faire des trous dans le sable. Nous, on a trouvé que c’était
une idée terrible et on a pris nos pelles pendant que papa a voulu
commencer à se rehuiler, mais il n’a pas pu, parce qu’il n’y
avait plus d’huile dans la bouteille. «Je vais aller en acheter au
magasin, au bout de la promenade
», a dit papa, et maman lui a demandé pourquoi il ne restait pas un
peu tranquille.
On a
commencé à faire un trou. Un drôle de trou, gros et profond comme
tout. Quand papa est revenu avec sa bouteille d’huile, je l’ai
appelé et je lui ai dit :
— T’as
vu notre trou, papa?
Il est
très joli, mon chéri, a dit papa, et il a essayé de déboucher sa
bouteille d’huile avec ses dents. Et puis, est venu un monsieur
avec une casquette blanche et il nous a demandé qui nous avait
permis de faire ce trou dans sa plage. «C’est lui, m’sieur ! »
ont dit tous mes copains en montrant
papa. Moi j’étais très fier, parce que je croyais que le monsieur
à la casquette allait féliciter papa. Mais le monsieur n’avait
pas l’air content.
— Vous
n’êtes pas un peu fou, non, de donner des idées comme ça aux
gosses? a demandé le monsieur. Papa, qui travaillait toujours à
déboucher sa bouteille d’huile, a dit : «
Et alors ? »
Et alors, le monsieur à la casquette
s’est mis à crier que c’était incroyable ce que les gens
étaient inconscients, qu’on pouvait se casser une jambe en tombant
dans le trou, et qu’à marée haute, les gens qui ne savaient pas
nager perdraient pied et se noieraient dans le trou, et que le sable
pouvait s’écrouler et qu’un de nous risquait de rester dans le
trou, et qu’il pouvait se passer des tas de choses terribles dans
le trou et qu’il fallait absolument reboucher le trou.
— Bon,
a dit papa, rebouchez le trou, les enfants. Mais les copains ne
voulaient pas reboucher le trou.
— Un
trou, a dit Côme, c’est amusant à creuser, mais c’est embêtant
à reboucher.
— Allez,
on va se baigner! a dit Fabrice. Et ils sont tous partis en courant.
Moi je suis resté, parce que j’ai vu que papa avait l’air
d’avoir des ennuis.
— Les
enfants ! Les enfants ! il a crié papa, mais le monsieur à la
casquette a dit :
— Laissez
les enfants tranquilles et rebouchez-moi ce trou en vitesse! Et il
est parti.
Papa a
poussé un gros soupir et il m’a aidé à reboucher le trou. Comme
on n’avait qu’une seule petite pelle, ça a pris du temps et on
avait à peine fini que maman a dit qu’il était l’heure de
rentrer à l’hôtel pour déjeuner, et qu’il fallait se dépêcher,
parce que, quand on est en retard, on ne vous sert pas, à l’hôtel.
« Ramasse
tes affaires, ta pelle, ton seau et viens », m’a dit maman. Moi
j’ai pris mes affaires, mais je n’ai pas trouvé mon seau. «
Ça ne fait rien, rentrons », a dit
papa. Mais moi, je me suis mis à pleurer plus fort.
Un
chouette seau, jaune et rouge, et qui faisait des pâtés terribles.
« Ne nous
énervons pas, a dit papa, où l’as-tu mis, ce seau? »
J’ai dit qu’il était peut-être au
fond du trou, celui qu’on venait de boucher. Papa m’a regardé
comme s’il voulait me donner une fessée, alors je me suis mis à
pleurer plus fort et papa a dit que bon, qu’il allait le chercher
le seau, mais que je ne lui casse plus les oreilles. Mon papa, c’est
le plus gentil de tous les papas ! Comme nous n’avions toujours que
la petite pelle pour les deux, je n’ai pas pu aider papa et je le
regardais faire quand on a entendu une grosse voix derrière nous : «
Est-ce que vous vous fichez de moi ?»
Papa a poussé un cri, nous nous sommes retournés et nous avons vu
le monsieur à la casquette blanche. «
Je crois me souvenir que je vous avais
interdit de faire des trous », a dit le monsieur. Papa lui a
expliqué qu’il cherchait mon seau. Alors, le monsieur lui a dit
que d’accord, mais à condition qu’il rebouche le trou après. Et
il est resté là pour surveiller papa.
«
Ecoute, a dit maman à papa, je rentre
à l’hôtel avec Nicolas. Tu nous rejoindras dès
que tu
auras retrouvé le seau. » Et
nous sommes partis. Papa est arrivé très tard à l’hôtel,
il était fatigué, il n’avait pas faim et il est allé se coucher.
Le seau, il ne l’avait pas trouvé, mais ce n’est pas grave,
parce que je me suis aperçu que je l’avais laissé dans ma
chambre. L’après-midi, il a fallu appeler un docteur, à cause des
brûlures de papa. Le docteur a dit à papa qu’il devait rester
couché pendant deux jours.
— On
n’a pas idée de s’exposer comme ça au soleil, a dit le docteur,
sans se mettre de l’huile sur le corps.
— Ah!
a dit papa, quand je pense aux copains qui sont restés au bureau!
Mais
il ne rigolait plus du tout en disant ça.
Malheureusement,
il arrive parfois en Bretagne que le soleil aille faire un petit tour
sur la Côte d’Azur. C’est pour cela que le patron de l’hôtel
Beau-Rivage surveille avec inquiétude son baromètre, qui mesure la
pression atmosphérique de ses pensionnaires...
Questions:
2. Comment le père d’Irénée a-t-il convaincu le père de Nicolas d’aller chercher le ballon de son fils?
3. Pourquoi, selon le monsieur à la casquette blanche, était-il dangereux d’avoir un trou dans le sable?
4. Pourquoi Papa doit-il déboucher le même trou qu’il vient de déboucher avant le déjeuner?
5. Pourquoi Papa doit-il rester couché pendant deux jours?
6. "Ah! Quand je pense aux copains qui sont restés au bureau!" Papa a dit la même phrase au début des vacances. Quelle est l’ironie de cette phrase en comparant les sentiments de Papa au début et à la fin du chapitre?
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